Pour les vrais passionnés, le mois de janvier est une période un peu frustrante car l’impatience de se remettre au jardinage grandit au fur et à mesure que les journées rallongent !
Heureusement, les commandes de graines et la planification des semis sont déjà une occupation très gratifiante, mais ce qu’on aimerait c’est pouvoir remettre les doigts dans la terre !
Cette année j’ai prévu de faire mes premiers semis d’intérieur sous éclairage d’appoint début février. Ce seront des laitues, des épinards et des choux hâtifs.
En attendant, je vous propose de nous pencher sur l’année dernière (2022) pour voir ce qu’il y a à en retenir et quelles sont les leçons que nous pouvons en tirer.
J’ai volontairement restreint ma liste à 3 leçons. Il y en aurait d’autres mais elles sont davantage liées à mon environnement personnel (climat de ma région toulousaine, terre de mes plates-bandes, erreurs de timing…).
Les 3 leçons dont j’ai choisi de vous parler sont applicables à presque tous les potagers.
Leçon n° 1 : Ne pas hésiter à rempoter les plants
Comme beaucoup d’entre vous, je fais mes propres plants en semant les graines dans des godets plus ou moins grands suivant le type de légume.
Si vous faites partie de ceux qui préfèrent acheter leurs plants au marché ou en jardinerie, continuez votre lecture car vous êtes tout de même concerné par ce qui va suivre.
Je parle ici de plants comme les choux, les concombres, les tomates, les courges, les aubergines… en fait tous les légumes qui deviennent assez volumineux en grandissant.
Pour gagner de la place sur l’étagère à plants (qui n’est pas extensible), on a tendance à choisir le plus petit godet possible.
Très bien, le plant grandit et arrive à un stade où il est bon à planter en pleine terre au potager (généralement quand il possède 5 à 7 feuilles).
Bref, que ce soit un plant acheté ou semé maison, il arrive fréquemment que nous ne puissions pas effectuer cette opération à cause d’un aléa : une mauvaise météo, un manque de disponibilité ou même un simple oubli.
Et quand une ou deux semaines plus tard nous trouvons enfin la possibilité de les planter, on découvre soit des plants qui sont restés chétifs, peut-être même avec quelques feuilles qui sont devenues plus pâles. Côté racines ce n’est pas mieux, faute de place elles se sont enroulées pour former un chignon bien dense au fond du pot.
L’on peut toujours planter ce genre de plants mais sachant qu’ils n’ont pas pris un bon départ dans la vie, ils seront plus sensibles aux maladies et aux insectes parasites, car ces derniers “sentent” quels sont les plants les plus faibles.
Que faire alors ? Déjà surveiller plus souvent ce qui se trouve sur son étagère à semis. Et dès qu’un plant semble à l’étroit dans son godet, il faudra le rempoter.
Pour cela on choisira un godet ayant juste la taille au-dessus. On utilisera du terreau universel sortant du sac, du terreau n’ayant donc jamais servi. Tous les terreaux contiennent une petite quantité d’engrais à libération rapide. Ce qui est indispensable car le petit volume de terreau initialement contenu dans le premier godet s’est maintenant épuisé.
Si l’on préfère utiliser son propre substrat maison (comme du compost de feuilles), cela ne sera pas suffisant pour une bonne reprise des plants car de jeunes plants adolescents, ça mange ! Ce ne sont pas les nutriments de ce genre de compost qui leur conviennent car ils sont disponibles trop lentement. Il faudra veiller à ajouter une petite quantité d’engrais rapide, ce qui est plus pratique sous forme liquide (urine ou engrais soluble, tous deux dilués dans de l’eau).
Les choux sont parmi les légumes qui apprécient le plus d’être rempotés car cela permet de favoriser la production de racines. On n’hésitera donc pas à répéter l’opération à quelques semaines d’intervalle.
Quant aux cucurbitacées (courges, concombres), elles ont des racines plus fragiles et cassantes. On veillera à bien bassiner les godets à démouler dans un seau d’eau pour que le terreau se gorge d’eau, ce qui facilitera grandement l’opération en évitant que le terreau ne s’effrite.
Une fois dans leurs nouveaux pots, les plants vont pouvoir commencer une deuxième vie. Leur feuillage va devenir plus foncé grâce à l’azote contenu dans le terreau neuf. Ils vont continuer à grandir et devenir robustes.
Jusqu’à ce que ce soit le moment de les mettre en pleine terre.
Leçon n° 2 : Le paillis a besoin d’humidité pour se décomposer
Vous le savez sans doute, je suis un adepte du paillage exhaustif de toute la surface du potager pendant l’été, y compris les allées. Ceci afin d’éviter l’évaporation de l’humidité qui se trouve dans le sol et donc d’économiser l’eau d’arrosage.
Mais je suis également un adepte de la fertilisation en continu de la terre grâce à la décomposition du paillis (le foin étant la matière qui donne le mulch le plus nutritif). En étant petit à petit “digéré” par le sol, le paillis fournit de la nourriture à la micro-faune, dont les déjections produiront des nutriments qui seront assimilables par les légumes.
Or pour que la décomposition du paillis ait lieu, encore faut-il que la zone de contact entre la terre et la couche de paillis soit toujours humide. Et malheureusement en l’absence de pluie durant 3 mois et en utilisant une irrigation par lignes de tuyaux goutte-à-goutte espacées de 30 cm comme c’est le cas chez moi, la terre finit inéluctablement par sécher, même recouverte d’une épaisseur de paillis de 15 cm.
Et donc on se retrouve avec un paillis resté intact à la fin de l’été, et un sol qui s’est durci et recompacté faute d’activité microbienne ou de vers de terre.
Ce que je compte faire l’été prochain : j’ai plusieurs pistes.
La première (qui a déjà commencé) est de faire quelques actions pour améliorer la structure de ma terre. Ces dernières années, j’ai eu tendance à éliminer complètement tout travail du sol, en suivant peut-être trop à la lettre les préceptes du “maraîchage sans labour”. Cela fonctionne à merveille quand on a une terre déjà de bonne qualité, mais c’est loin d’être mon cas car je suis parti de loin (sol argilo-limoneux rempli de galets).
La première chose a donc été de décompacter le sol à la grelinette en automne, avant mon traditionnel semis d’engrais vert (de la féverole), tout en gardant le paillis en place.
Au printemps, je vais surveiller de près l’humidité de ma terre là ou pousse la féverole (c’est-à-dire presque partout). Car son feuillage abondant peu assécher rapidement mon sol, je l’ai déjà vécu (phénomène d’évapo-transpiration). Si cela commence à se produire, je peux soit étêter les tiges de féverole, ce qui diminuera la surface foliaire et donc la transpiration, soit décider carrément d’avancer la date de fauchage de cet engrais vert.
Juste après l’avoir fauché (donc pas trop tard dans la saison), je vais apporter une bonne quantité d’amendement organique à ma terre, ce que j’avais tendance à délaisser les années passées, pensant que le mulch et l’engrais vert suffiraient pour maintenir la texture de ma terre.
Comme je ne dispose jamais d’assez de compost fait maison (le plus vivant), je le réserve pour les trous de plantation des légumes gourmands (tomates, cucurbitacées). N’ayant pas accès facilement à du fumier, je compte donc épandre une couche de compost de déchetterie de 1 cm, ce qui correspond à un seau de 10 litres par m2.
Une autre idée que j’ai, ce serait de diminuer l’épaisseur du paillis de foin afin de pouvoir faire des séances d’arrosage général à l’aide d’un arroseur oscillant. Le but étant d’humidifier toute la surface de la terre comme le ferait une pluie, et que cette eau arrive à traverser le paillis pour mouiller la terre et aider à la décomposition de celui-ci.
Mais il y a certains inconvénients : avec une couche plus fine de paillis, l’eau va moins se conserver dans le sol. Et avec les probables restrictions d’arrosage (je rappelle que je n’ai pas d’autre solution que l’eau de ville) et le budget eau qui va grimper en conséquence.
C’est à ce stade une idée que je partage, elle n’a pas encore été validée par l’expérience. Si vous connaissez d’autres solutions pour garder humide un sol séchant sous climat sec, n’hésitez pas à m’en faire part dans un commentaire.
Leçon n° 3 : Avoir la patience d’attendre le rebond des cultures d’été
Au plus fort de l’été, avec la sécheresse que nous avons eue en 2022, pas mal de légumes ont eu des problèmes. Car cette sécheresse s’est accompagnée de températures très élevées, certains records ayant même été battus.
Les tomates sont restées infiniment vertes, et de surcroît certains pieds ne portaient que peu de fruits car les fleurs avaient avorté à cause des températures trop hautes. En effet, au-dessus de 32°C (cela varie un peu selon les variétés), le pollen sèche et n’adhère plus au pistil de la fleur.
Même punition pour les haricots, qu’ils soient nains ou grimpants.
Nombreux sont ceux qui ont préféré jeter l’éponge, toute envie leur étant passée de consacrer du temps et de l’eau à leurs cultures.
Mais je voudrais que vous sachiez que même dans ces cas-là, ça peut valoir le coup de persévérer. Car toute canicule a une fin, et les jardiniers qui ont tenu le coup en continuant d’arroser leurs légumes ont vu leurs plantes se requinquer en août. Dans les régions de la moitié sud, c’est même début septembre qu’il a fallu attendre.
Les tomates vertes se sont mises à rougir, les haricots ont produit de nouvelles vagues de fleurs, donnant bien des cosses cette fois, et la douceur du début de l’automne a permis à tous ces fruits d’arriver à mûrir sans encombre jusqu’à la récolte.
La patience est toujours récompensée !
Conclusion
Voilà pour les 3 leçons que mon potager m’a données en 2022.
Je suis persuadé que quel que soit notre niveau en jardinage, nous avons toujours quelque chose à apprendre les uns des autres.
C’est pour cela que j’aime bien avoir des retours venant d’autres jardiniers, car chacun a des choses intéressantes à dire, qui peuvent être utile aux autres.
Surtout que dans ces partages d’expérience, on trouve souvent des choses que l’on peut appliquer à sa propre situation, ce qui nous permet de progresser.
Et de votre côté, qu’avez-vous retenu de l’année 2022 dans votre potager ?
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