C’est probablement le système le plus économe en eau pour irriguer des plantes. Utilisées par les Chinois depuis des millénaires, les jarres enterrées sont constituées d’un récipient en terre cuite pouvant prendre diverses formes.
Enfouies juste sous la surface de la terre avec leur ouverture qui dépasse pour les remplir d’eau, cette eau va traverser très lentement la paroi poreuse puis se déplacer par capillarité dans la terre avoisinante, jusqu’aux racines des légumes.
Les meilleurs résultats sont obtenus avec la terre cuite la plus poreuse, que l’on trouve dans les oyas fabriquées à la main (ce qui explique leur prix élevé) et cuites dans un four ne dépassant pas 1000°C.
FICHE Retrouvez les bonnes adresses d’oyas traditionnelles faites main.
Voici quelqus adresses de marchands d’oyas artisanales, j’ai pris les miennes chez les deux premiers.
On peut aussi utiliser de simples pots de fleurs en terre cuite. Ils sont peu chers à l’achat car ils sont fabriqués industriellement dans des fours à très haute température. Mais du coup, ils ne sont souvent pas assez poreux et l’eau a du mal à traverser leur paroi. En fin de compte, ceux qui marchent le mieux, ce sont les plus basiques et les moins chers. On évitera donc tous les pots vernis, peints ou ayant des formes plus travaillées.
Fiche pratique : Construction d’oyas faits maison, ma version toute simple
Comment fonctionne une oya ?
Les oyas procurent une irrigation profonde (sur toute la hauteur de l’oya, et même plus profond, soit au moins 50 cm). C’est donc excellent pour les racines des légumes qui sont encouragées à se développer, leur permettant ainsi de capter plus de nutriments et d’eau.
En fin de saison, si on déterre une oya, on découvrira un dense réseau de fines racines qui convergent vers la paroi de l’oya. En comparaison avec un endroit du potager où il n’y a pas d’oya, la différence est frappante.
Avec les oyas, le sol (et donc les racines) restent constamment humides, sans passer par des cycles “trop sec” / “trop mouillé” comme c’est le cas quand c’est le jardinier qui arrose. Il n’y a pas d’à-coups, ce qui évite l’amertume chez les légumes-feuilles ou la peau qui se craquèle chez les tomates ou les melons.
En plus, la surface du sol reste relativement sèche, ce qui évite la germination des “mauvaises” herbes ou la prolifération des limaces.
Jusqu’à quelle distance de l’oya peut-on planter ses légumes ?
Cela dépend de la texture de la terre, mais on peut dire que pour une terre de jardin ni trop sableuse, ni trop argileuse, et bien ameublie, une oya de 5 à 10 litres peut irriguer une surface d’un mètre carré dont elle est le centre.
Voici un exemple-type de cultures disposées autour de quelques oyas :
Tous les combien doit-on remplir une oya ?
Suivant sa taille, l’oya va se vider de l’eau qu’elle contient pendant une durée allant de quelques jours à une semaine. Les jarres de plus gros volume, 5 à 10 litres, ont le plus d’autonomie.
Pour les as du bricolage, les oyas peuvent être reliées à des tuyaux du type de ceux utilisés pour la micro-irrigation et on pourrait imaginer déclencher leur remplissage à intervalles réguliers avec un programmateur.
La vitesse avec laquelle le niveau d’eau va baisser dépend de nombreux facteurs comme la texture de la terre, la quantité de plantes qui poussent autour, la qualité de la matière (terre cuite) avec laquelle elle a été fabriquée, mais surtout la météo qu’il fait.
En effet, c’est le manque d’humidité de la terre autour de l’oya qui va attirer l’eau hors de celle-ci. Si la terre devient plus sèche, parce que les plantes ont consommé l’eau avec leurs racines ou bien parce que le sol était nu et l’eau s’est évaporée, l’eau va être extraite de l’oya en moins de temps que si la terre reste humide, grâce à une pluie récente ou un sol paillé.
Ainsi, les oyas sont un système d’irrigation ultra-efficient car ce n’est pas le jardinier qui décide de la quantité d’eau mais c’est le sol qui va prendre uniquement ce dont il a besoin.
Comment installe-t-on une oya ?
Comme le principe de l’oya est de diffuser l’eau par capillarité, il est important d’avoir une terre bien affinée dans le volume de 50 cm qui entoure l’oya et qui sera humidifié par elle. Pour cela, on n’hésitera pas à décompacter la terre à l’aide d’une fourche-bêche.
Ce qui facilitera aussi le creusage du trou pour enterrer l’oya. Il faut compter à peu près une oya de 5 à 10 litres par mètre carré.
Après avoir mis en place les oyas en laissant dépasser le haut de quelques centimètres, on pourra planter les légumes autour. Certains légumes conviennent mieux que d’autres, notamment tous les légumes-fruits (tomates, courges…) car ils ont de longues racines capables de pousser horizontalement pour aller chercher l’eau. En plus, ces légumes “sentent” à une certaine distance d’où vient l’eau, et sont capables d’orienter leurs racines dans cette direction. C’est pourquoi on peut les planter un peu plus éloignés des oyas, mais sans dépasser une distance de 80 cm du centre de l’oya.
Par contre, les légumes-racines (carottes, radis, navets…) ne font que des racines verticales et sont donc bien moins adaptés aux oyas. Cependant leur culture est possible si on les fait pousser tout près de l’oya, et surtout à la condition de veiller à maintenir le niveau d’eau dans les oyas toujours très haut, afin que la terre reste humide sur toute la hauteur de l’oya.
Les légumes-feuilles (salades, épinards…) sont entre les deux : ayant un système racinaire peu développé, il faudra les placer assez près de l’oya, mais sans oublier que lorsqu’ils deviendront adultes, leur taille risque de masquer complètement le couvercle de l’oya, ce qui peut être gênant pour le remplissage.
Après avoir terminé les plantations, on arrosera copieusement la terre autour de l’oya pour vider les poches d’air et que la terre adhère bien aux parois de la jarre. Puis on remplira l’oya.
Comme je le faisais remarquer au sujet des légumes-racines, une oya fonctionne toujours mieux lorsqu’elle est pleine. Dans ce cas, il y a une portion plus grande de la paroi qui est en contact avec l’eau et sa diffusion se fait donc sur toute sa hauteur.
Une erreur à ne pas faire : ne compter que sur l’oya pour apporter l’eau à des semis ou à de tous jeunes plants encore très petits ! En effet, s’ils sont placés un peu loin de l’oya, l’humidité distribuée par cette dernière n’ira pas assez loin pour les atteindre. En attendant qu’ils aient développé des racines assez longues, on devra se servir d’un arrosoir pendant un bon mois.
Faut-il enlever ses oyas en hiver ?
Tout d’abord, il faut savoir que les “vraies” oyas sont beaucoup plus sensibles au gel que les oyas faites avec des pots de fleurs, car elles sont plus poreuses. Du coup, même vidées, l’humidité qui reste dans les parois pendant l’hiver suffit à les faire éclater en cas de forte gelée (-5°C environ). Je n’ai pas de chiffre pour les pots de fleurs mais ils sont bien plus résistants et on peut les laisser en terre sans inquiétude, du moment qu’ils sont vides.
Par contre, il y a une autre chose qui se passe, c’est que pendant la belle saison, les racines des cultures finissent par s’agglomérer tout autour de l’oya, formant une sorte de chignon qui va prendre petit à petit la place de la terre, empêchant la diffusion de l’eau depuis l’oya vers les endroits plus éloignés.
Cela vaut donc le coup de déterrer une fois par an les oyas pour les débarrasser de cet amas de racines (que l’on peut jeter au tas de compost) et de remettre la terre bien contre les parois. Les futures plantations s’en porteront beaucoup mieux.
On en profitera pour vérifier que l’oya ne s’est pas fissurée ou que ses parois ne sont pas colmatées sous l’action du calcaire éventuellement contenu dans l’eau (bon à savoir : l’eau de pluie n’est jamais calcaire).
Avantages et inconvénients des oyas
Voici un petit récapitulatif pour comparer d’un coup d’œil les bons et les moins bons côtés des oyas.
Avantages :
- Les plus économes en eau car l’eau est utilisée “à la demande” par les plantes.
- Le plus grand avantage du système des jarres par rapport aux autres systèmes d’irrigation, c’est qu’il est capable de s’adapter au climat et au besoin de la plante
- Très facile à installer, système rudimentaire qui ne demande aucune technologie.
- Joue le rôle de réserve d’eau et permet au jardinier de s’absenter pendant une semaine.
- Piège à limaces qui vont s’agglutiner sous les rebords de l’oya.
- Très adapté aux légumes qui ont des systèmes racinaires puissants comme les tomates ou les courgettes.
- Évite le “cul noir” des tomates car les racines sont irriguées sans à-coups.
- Souple d’emploi : existe en diverses tailles pour mettre dans un bac, un potager en carré ou une lasagne.
- Très adapté aux serres car l’intérieur ne reçoit jamais la pluie.
- Peut être utilisé en y versant des eaux grises (ne contenant pas de matières grasses).
Inconvénients :
- Demande un certain travail si auto-fabrication et pour les enterrer.
- Moins adapté aux plantes qui ont des racines qui ne s’étendent pas beaucoup en largeur (légumes-feuilles) et pas du tout adapté aux légumes-racines.
- Fonctionne moins bien si le sol est très sableux ou très argileux car l’eau se diffusera mal en largeur.
- La terre cuite peut se colmater au fil des années. Nettoyage possible au vinaigre blanc.
- Rien n’indique quand l’oya est vide, il faut soulever le couvercle pour le savoir (mais certains bricoleurs ont installé un flotteur muni d’une tige qui monte et qui descend à travers le couvercle).
- Difficile à automatiser mais possible en alimentant les jarres par des tuyaux prévus pour la micro-irrigation.
- Gêne le passage des outils de travail du sol.
- Peu adapté aux surfaces importantes car il faudrait un grand nombre d’oyas et du temps pour les recharger en eau.
- Certains modèles sont sensibles au gel et doivent être déterrés en hiver.
- faible mobilité : une fois installée pour la saison, la jarre sera difficilement déplacée, et il faudra adapter son plan de culture à cette donnée supplémentaire
Pour conclure
Vous venez de lire l’essentiel de ce qu’il y a à savoir sur les oyas. Si vous souhaitez apporter un détail important que j’aurais oublié ou nous faire part d’un retour d’expérience, c’est avec plaisir qu’on se retrouve dans les commentaires.
Tous les dimanches matin, recevez mes conseils de saison dans votre boîte mail
Parce que ce n’est pas facile de réussir son potager naturel à tous les coups, je prépare pour vous chaque semaine :
- un article pratique où je vous apprends une nouvelle technique de culture que vous pourrez appliquer chez vous,
- ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
Votre adresse de messagerie est uniquement utilisée pour vous envoyer ma lettre d’information.
Vous pouvez à tout moment utiliser le lien de désabonnement figurant au bas de mes emails.
Voir la politique de confidentialité.