Cet article est le 2ème d’une série qui en compte… cinq pour le moment !
Le premier article de cette série traitait de la construction de notre parcelle de potager. Nous avons choisi l’emplacement, nous avons décaissé la couche de terre végétale (parce que c’était nécessaire) et nous avons mis un cadre autour de ce rectangle. C’est indispensable pour maintenir en place le mélange de terre qu’il va contenir et éviter de le piétiner.
Nous allons maintenant remplir ce potager avec non seulement de la terre, mais beaucoup d’autres matières végétales. Le but, c’est de créer un sol vivant et presque inépuisable pour y cultiver les futurs légumes.
Le meilleur des buttes sans les inconvénients
Avertissement : réfléchissez bien avant de vous lancer dans une butte !
Avec la montée du phénomène de la permaculture, les buttes sont à la mode depuis quelques années, mais elles n’ont pas que des avantages.
Si votre terre est correcte, construire des buttes n’apportera rien au niveau de la culture des légumes. D’autant que cela représente beaucoup de travail !
Pour moi, une butte ne se justifie que dans le cas où la terre est totalement inculte :
– soit elle est gorgée d’eau (on appelle cela une terre hydromorphe),
– soit elle est extrêmement caillouteuse (ce qui est mon cas),
– soit la couche de terre est très mince et la roche-mère affleure.
Voici un article (lire aussi ses nombreux commentaires) qui vous donnera un autre éclairage : Le mythe de la butte de permaculture par Christophe Gatineau
De mon côté, j’ai étudié différentes méthodes de potagers qui viennent du monde entier et pour chacune.
À chaque fois, je vous ai mis un lien vers l’explication la plus claire que j’ai trouvée :
- La méthode de compostage des broussailles par un pionnier français des années 1970, Jean Pain.
- Empiler des couches de matières végétales brunes et vertes avec la lasagne de l’américaine Patricia Lanza.
- Cultiver sur des buttes selon la méthode de l’espagnole Emilia Hazelip (en vidéo).
- Enterrer des bûches sous le potager avec la Hügelkultur allemande.
- Une super idée, je trouve : un composteur placé au milieu de la parcelle potagère avec le keyhole garden mis au point en Afrique : c’est le potager en trou de serrure.
- Une méthode inspirante, mais est-elle vraiment adaptée pour tous les potagers ? C’est la butte sandwich (en vidéo) de l’agronome Robert Morez.
Même si je n’ai pas essayé tous ces types de potagers, j’en ai testé quelques-uns, et avec le retour d’expérience, j’ai gardé ce qu’il y avait de mieux dans chaque système. J’ai éliminé les choses trop compliquées à faire ou les matériaux trop difficiles à trouver. Et je suis arrivé à une solution qui remplit complètement les objectifs que je m’étais fixés :
- Avoir un potager capable de durer dans le temps, fabriqué à partir de matériaux naturels d’un entretien minimum.
- Avoir un potager capable de s’adapter aux variations d’eau dans un sens ou dans l’autre (bon drainage et peu sensible à la sécheresse).
- Avoir un potager capable de s’auto-fertiliser, qui n’a pas besoin de recevoir d’engrais venant de l’extérieur.
- Avoir un potager capable de protéger les légumes des ravageurs et des maladies, et je vous expliquerai comment dans un prochain article de cette série.
Remplissage du fond avec du bois en décomposition
En premier nous allons remplir la partie creusée du rectangle avec du bois mort. En me baladant autour de chez moi, j’ai trouvé des morceaux allant jusqu’à 10 cm de diamètre pour les plus gros. Ce bois devrait jouer le rôle d’une éponge : au printemps, il va absorber l’excédent d’eau ; et par contre en été, il va garder l’eau en réserve. Pour que cela marche, il faut prendre du bois en cours de décomposition, du bois pourri, quoi !
Mise-à-jour 3 ans plus tard
Enterrer du bois, est-ce que cela c’est révélé être une bonne idée ? Pas sûr : j’ai tourné une vidéo dans laquelle je déterre le bois, vous pouvez la regarder ici.
On peut remplir les interstices avec du broyat ou toute autre matière ligneuse. Pour ma part j’ai mis des brindilles tombées des chênes qui bordent mon terrain.
Une couche de feuilles, de paille ou de foin
Puis on recouvre les morceaux de bois avec des matières contenant beaucoup de cellulose, car cela fait intervenir d’autres micro-organismes qui vont travailler pour la fertilité de notre sol.
On peut utiliser des feuilles mortes, du foin, des herbes sèches, de la paille ou même du carton ondulé.
Pour ma part j’ai pris ce que j’avais en abondance sous la main : des feuilles mortes et des herbe sèches s’apparentant à du foin, que j’ai apportées en quantité importante pour former une couche épaisse.
On terminera cette étape par un arrosage copieux.
Un composteur intégré !
Vous le savez peut-être, il existe deux types de compostage : le compostage à chaud (difficile à réaliser dans les jardins amateurs car il faut monter un grand tas en une seule fois) et le compostage à froid, effectué par les vers rouges du fumier en présence d’air.
C’est un tel vermicomposteur qui sera installé au sein même du potager, sur le côté nord pour ne pas faire d’ombre aux légumes. Deux effets positifs sont attendus de ce composteur : 1) les limaces se dirigeront plus volontiers vers les déchets de cuisine que vers les légumes en train de pousser. 2) La zone de terre tout autour du grillage sera très fertile et on y fera pousser avec bonheur des tomates, des aubergines ou des concombres.
En pratique, c’est très simple à réaliser : un cylindre de grillage d’une quarantaine de cm de diamètre, maintenu en place par deux fers à bétons plantés dans la terre. À cause des grosses mailles de mon grillage, j’ai dû mettre un carton pour empêcher la terre de tomber à l’intérieur du composteur.
Et en plus, ce grillage pourra servir de tuteur pour attacher certains légumes grimpants.
Une couche de fumier ou de compost
On va maintenant apporter de la matière verte (azotée) au sol de notre potager pour l’équilibrer. C’est aussi le moment de remettre l’herbe de surface mise de côté au tout début.
Quoi d’autre ? Du fumier, des fientes de poules, de l’urine, du compost pas mûr, des tontes de pelouse, des orties…
De mon côté j’ai utilisé le contenu d’un composteur plein de déchets de cuisine mal décomposés, une bonne quantité de tontes de pelouse sèches, et je l’avoue sans honte, un peu d’urine aussi.
Remettre la terre que l’on avait décaissé
Il est temps de terminer le remplissage de notre parcelle potagère en utilisant la terre que nous avions creusée au démarrage. Les pelletées de terre vont former une jolie butte.
Tout le volume de terre ne va pas rentrer et c’est normal. Mais comme la butte va s’affaisser durant les premiers mois, ce sera l’occasion de compléter avec la terre restante et de niveler la surface.
Une “peau” pour protéger la terre
Vous savez déjà qu’il ne faut jamais laisser la terre à nu dans un potager. Nous allons donc appliquer une dernière couche de finition, en étalant des feuilles mortes ou du foin.
Chez moi j’ai mis des feuilles mortes et des feuilles de ma consoude que j’ai taillée à ras. Sans oublier un filet pour éviter que les feuilles s’envolent avec le vent.
On pourrait mettre aussi du carton ondulé, calé avec quelques grosses pierres. Je déconseille de mettre une bâche car il est important que l’eau de pluie puisse traverser pour humidifier notre potager.
Que va-t-il se passer ensuite ?
Tous les petits travailleurs du sol que sont les bactéries, les champignons, les vers de terre… vont se mettre au boulot pour décomposer le mélange qui a servi à remplir notre potager.
L’idéal, c’est de fabriquer un tel rectangle de potager en automne ou en hiver. Le tout va reposer pendant plusieurs mois et les différentes couches vont se mêler entre elles. Au printemps suivant, il suffira de compenser l’affaissement avec un peu de terre et de semer les premiers légumes.
Si l’on construit ce type de potager au printemps, on aimerait bien sûr l’utiliser tout de suite, eh bien c’est possible ! L’épaisseur de la couche de terre permet de semer ou de planter des légumes sans attendre. Le dessous va se décomposer à son rythme mais il faudra compter avec une baisse du niveau de la terre au cours de la saison de culture.
Il faudra aussi démarrer doucement le vermicomposteur quand le réchauffement printanier sera là, et ce sera le sujet de l’article suivant de cette série.
Et vous, avez-vous déjà essayé la lasagne, la butte, le bois mort ? Qu’en pensez-vous ? Avez-vous eu des résultats positifs ou négatifs ?
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- ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
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