Vous connaissez tous le dicton “Un binage vaut deux arrosages” je suppose ?
Eh bien je voudrais vous en proposer un autre à la place :
“Un paillage vaut dix arrosages”.
Vous allez voir que cette phrase n’est pas très loin de la vérité.
En effet dans cet article, j’ai essayé de faire le tour de la question du paillage, de manière très pratique comme vous l’aimez et avec beaucoup de photos.
Des avantages pour les légumes
Si vous disposez de paillis à volonté, l’idéal c’est de pailler tous les légumes du potager.
Enfin presque tous car il y a une exception : l’ail, l’oignon et l’échalote aiment avoir la terre qui reste dégagée autour de leur bulbe pour éviter la pourriture, du moins dans les régions pluvieuses, car ailleurs il pourra être paillé comme les autres légumes.
Les jeunes salades tout juste repiquées préfèrent aussi éviter le paillis car il pourrait abriter quelques limaces qui ne feraient qu’une bouchée des jeunes plants.
Si votre ressource en paillis est limitée, vous l’utiliserez en priorité pour les légumes exigeants en eau ou sensibles à la sécheresse comme les courgettes, les tomates, les betteraves, les salades, les concombres, les haricots, les poivrons, les melons… ça fait déjà beaucoup de légumes !
Le gros bénéfice du paillage pour les légumes, c’est que cela leur évite un stress qui varie en permanence entre pas assez d’eau et trop d’eau. Le paillis va jouer un rôle de régulateur d’humidité.
Autre avantage : le paillis va retarder le refroidissement du sol à l’automne au contact de l’air plus frais. Comme le ferait un isolant, il va conserver la chaleur emmagasinée dans le sol pendant une ou deux semaines supplémentaires, ce qui va permettre aux légumes de continuer à se développer d’autant.
Des avantages pour le sol
On appelle parfois le paillis un “mulch nutritif” et ce n’est pas pour rien. Au cours de la saison, le paillis va se décomposer petit à petit jusqu’à être complètement absorbé par le sol. Mais si cela se produit durant l’été, on n’attendra pas d’en arriver là pour en remettre, on aura pris soin de recharger la couche de paillis dès qu’il n’en restera que 3 ou 4 cm. Par contre en septembre, c’est normal que la couche ait bien réduit, mais on ne repaillera pas avant le mois de novembre, afin que le sol puisse bénéficier des pluies d’automne et se recharger en eau.
Toute cette matière végétale décomposée va enrichir le sol en humus et je tiens à rappeler l’importance de l’humus qui est une matière indispensable pour garder un sol vivant et fertile.
Cet effet fertilisant est un avantage non négligeable, mais le paillis en a d’autres :
par exemple si vous avez un sol lourd (argileux), un paillage épais de toutes les cultures du potager pendant plusieurs années de suite va beaucoup améliorer la structure du sol et il deviendra moins compact.
Au contraire si votre sol est trop léger (sablonneux), le paillis en se décomposant va étoffer le sol et il retiendra mieux l’eau.
Si vous ne savez pas encore dans quelle catégorie se situe votre terre (argileuse, sableuse ou limoneuse), je vous invite à aller consulter cet article qui vous fera faire connaissance avec votre sol.
Pendant l’hiver, le paillage a son importance également. Il protège la terre des tassements dus aux pluies abondantes et il empêche le lessivage des minéraux.
Des avantages pour le jardinier
En limitant l’évaporation de l’eau, le sol paillé reste humide beaucoup plus longtemps. Et les cultures ont donc moins besoin d’être arrosées, même beaucoup moins si l’épaisseur du paillis est conséquente (au moins 5 cm et plutôt 10 dans les régions situées au sud de la Loire).
Ce qui fait une belle économie d’eau (et de temps !) pour le jardinier.
Et quand on devra s’absenter ou partir en vacances, le potager pourra se passer de nous pendant plus longtemps.
Voici un autre avantage pour le jardinier et pas des moindres : sous un paillage assez dense, les mauvaises herbes ne pourront pas germer par manque de lumière. Et si d’aventure quelques-unes commençaient à pousser, elles seraient vite freinée dans leur élan pour traverser toute l’épaisseur du paillis.
Alors après le paillage, fini la corvée du désherbage (ça ferait un bon dicton aussi, vous ne trouvez pas ?)
Quelques inconvénients quand même
En me creusant la tête, je n’en ai trouvé que trois mais si vous en connaissez d’autres, dites-le dans les commentaires en dessous de cet article.
Les voici : si la couche de pailis qui reste sur la terre à la fin de l’hiver est encore un peu épaisse, les rayons du soleil ne pourront pas atteindre le sol et son réchauffement sera légèrement plus long. Les graines de légumes ont besoin d’une certaine température du sol pour germer (environ 10 degrés pour la plupart des légumes de printemps). Mais si au lieu de faire un semis en place, on sème dans des godets des plants que l’on repiquera ensuite au potager, le problème est résolu.
Autre inconvénient : les limaces (et les campagnols pour ceux qui ont le malheur d’en avoir) peuvent trouver refuge dans le paillis et proliférer. Si les limaces vous embêtent trop, la solution c’est de mettre en place le paillis une fois que les feuilles des légumes ont un peu grandi et sont trop coriaces pour elles. Et aussi d’accueillir la biodiversité dans votre jardin pour que s’installe un équilibre entre les limaces et leurs prédateurs naturels. Les campagnols (ou rats taupiers) sont très difficiles à éloigner et leur piégeage est possible mais fastidieux. De nombreux jardiniers ont aussi des petits mulots (et c’est mon cas) qui creusent des galeries mais ne s’en prennent pas forcément aux légumes.
Quels sont les différents matériaux pour pailler ?
Il y en a énormément. Il ne faut pas avoir peur d’être imaginatif. En voici une grande liste que je compléterai en fonction de vos commentaires :
- Foin : c’est un paillis idéal car il a un bon équilibre carbone/azote, il est donc très nutritif pour la terre.
- Feuilles mortes, broyées ou non : simple et gratuites, comme dans la nature.
- Tontes de pelouse : après séchage au soleil, épaisseur maxi 3 cm pour ne pas qu’elles entrent en fermentation.
BRF (bois raméal fragmenté) : ce sont des copeaux venant du broyage de bois frais. Redonnent de la vie au sol en se décomposant.
- Déchets de tailles diverses : tiges de fleurs, herbes indésirables…
- Fougères : elles prennent le relais des tontes en été.
- Orties, consoudes : en plus des purins, elles font d’excellents paillis nutritifs.
- Grandes feuilles de plantes : rhubarbe, choux.
- Aiguilles ou écorces de pin : pour pailler les petits fruitiers rouges qui apprécient les tanins : fraisiers, groseilliers, framboisiers… ou bien pour pailler les allées du potager.
Carton ondulé : composé uniquement de cellulose et d’amidon pour la colle. Les encres européennes sont normalement inoffensives. Mais comment être sûr qu’un carton ne provient pas des pays asiatiques (où ils sont traités avec des insecticides contre les rongeurs dans les cales des cargos) ? Ou alors qu’un carton n’a pas été déjà recyclé plusieurs fois à partir de cartons de provenances diverses ? Personnellement, j’ai du mal à utiliser le carton au potager.
- Algues mortes : le goémon et le varech étaient (sont ?) très utilisé par les maraîchers en Bretagne (après avoir été dessalés à la pluie). De par leur richesse, ils constituent un bon amendement pour le sol.
- Bâche en plastique noir : pas très esthétique mais très efficace. Peut se récupérer gratuitement chez les agriculteurs et du coup on donne une deuxième vie à un objet qui aurait de toutes façons existé. Peut durer 10 ans au moins si c’est une bâche professionnelle. Les bâches tissées ont l’avantage de laisser passer l’air et l’eau. Il reste le problème d’effilochage à la longue qui relargue du plastique dans la nature.
- Engrais vert : c’est un paillage vivant quand il pousse et un paillage nutritif quand il est coupé.
Compostage en surface : le principe : quand vous cueillez une salade, coupez à ras et laissez les racines dans le sol, arrachez et étalez les premières grosses feuilles sur place. Vous pouvez aller lire cet article pour en savoir plus.
Galets : même si le dessus de la pierre est brûlant, le dessous restera frais !
- Paillis achetés : paillettes de lin, de chanvre ou cosses cacao : pour ceux qui n’ont rien d’autre, c’est très pratique, et pas très coûteux quand on a une toute petite surface.
- Bottes de paille : pas chères mais attention à prendre de la paille bio pour éviter les traitements chimiques.
- Fumier ou compost : il est possible de les utiliser comme paillis, par exemple en épandant une couche de 1 à 3 cm de compost mûr sur toute la parcelle avant le début de la saison.
- On peut aussi combiner (en mélange ou en superposition) plusieurs types de paillis : par exemple une couche de feuilles mortes et par-dessus une couche de tontes de pelouse.
A quel moment pailler son potager ?
Certains vont attendre que la terre se soit réchauffée au printemps pour la pailler.
Moi je préfère partir du principe que dans la nature, le sol des forêts ou des prairies n’est jamais à nu. À aucun moment de l’année. Donc je laisse ma terre paillée 12 mois sur 12, en laissant l’épaisseur varier naturellement au fur et à mesure de sa décomposition. Il ne restera donc qu’une couche mince en fin d’été et en fin d’hiver, de manière à ce que le sol puisse bien absorber l’eau des pluies.
J’ai aussi fait des essais de semis d’engrais verts au milieu d’un paillis, avec un certain succès.
Voilà, merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout. J’espère qu’il vous aura donné l’envie de pailler encore plus votre potager !
Et si vous le faites déjà, avec quoi paillez-vous votre potager ?
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